Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA RESTAURATION oz

Cette même année (1825) le pape Léon XIT institua un jubilé, pour célébrer la victoire des conservateurs sur la Révolution et prier Dieu d’extirper lhérésie. ‘L’encyclique de février, et le bref adressé au clergé de Poitiers (2 juillet) font bien ressortir le caractère agressif de cette manifestation contre la liberté de conscience. Dans la première, le Pape invitait le Roi à saisir le glaive des lois pour arrêter les doctrines anarchiques et impies : « Qui« conque, y disait-il, est séparé de l'Église catholique « romaine, si irréprochable que soit sa vie, n’a, par Île « seul fait qu’il est en dehors de l’unité du corps de Jésus« Christ, aucune part à la vie éternelle. Le courroux de « Dieu plane sur lui. »

De son côté, Charles X faisait célébrer ce jubilé à Paris (1826) avec une pompe extraordinaire ; il ÿ eut quatre processions solennelles en six semaines et dans la dernière le Roi parut en soutane violette derrière le clergé et suivi de tous les princes de sa maison, des ministres et des grands corps de l'État, chacun portant un cierge. Par là, on excédait la liberté et l’on retombait dans les conséquences funestes d’une religion d'État; car, quand le souverain prend aussi ouvertement fait et cause pour l’une des confessions, entre lesquelles se partagent ses sujets, il ne peut empêcher que les autres soient opprimées. De tels exemples, venant de haut, furent suivis bientôt partout.

Les évêques dénoncèrent le mariage civil comme un « concubinat » et signalèrent à la police comme des révolutionnaires dangereux tous ceux qui ne pratiquaient pas. L’archevêque de Rouen invita, notamment, les curés de son diocèse à lui dénoncer tous ceux de leurs paroissiens qui n’allaient pas à la messe et à faire aflicher à la porte de leurs églises les noms des non-communiants. Les Jésuites prêcheurs requirent le concours des soldats et des musiques militaires pour donner plus de prestige à leurs missions à la campagne. La Congrégation redoubla de démarches et d’intrigues, afin de contraindre, soit par des promesses d'avancement, soit par des