Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DÉ JUILLET 163

collèges libres privilégiés et, sur un rapport de ME de Quelen, le ministre de l'instruction publique d’alors, M# Feutrier, évèque de Beauvais, avait décidé que « tous les élèves de ces « petits séminaires qui avaient abandonné l’état ecclésiastique « après leur cours d’études (et c'était environ le quart) « seraient tenus, pour obtenir le diplôme de bachelier ès « lettres, de se soumettre de nouveau aux études et aux exa« mens, selon les règlements de l’Université ».

Telle était la législation de l’instruction publique dans les dernières années de la Restauration. En fait, si l'Université n'avait pas le monopole, son gouvernement, comme l’a avoué M. Guizot, était en droit fondé sur un principe absolu. « En « matière d'éducation, a-t-il écrit, hors de l’enceinte de la « famille, l'État est souverain. Dès que l'enfant, pour son édu« cation, fait un pas hors des mains de son père, il tombe « entre les mains de l'État. L'État seul a le droit de faire « élever ceux que n'élèvent pas leurs propres parents et nul « ne peut, sans l'autorisation de l’État, prendre lui-même, « ni recevoir des parents eux-mêmes cette mission !. »

Il y avait là, évidemment, une sorte de dictature dans l’enseignement qui, pour modérée qu’elle fût dans l’exercice de son pouvoir, devait néanmoins inquiéter les catholiques et ne pas satisfaire les partisans de la liberté de conscience absolue.

$ 3. — Au lendemain de la révolution de J'uillet, il régnait dans l'opinion publique un tel sentiment de méfiance et même d’hostilité contre le clergé et les congrégations catholiques, à qui l’on attribuait, à tort ou à raison, le coup d’État tenté contre la Charte, que les chefs de cabinet qui se succédèrent : Guizot, Laflitte, Casimir Périer et Soult durent laisser commettre ou même commettre eux-mêmes bien des attentats à la liberté religieuse. Nous les classerons en trois groupes, selon qu'ils touchaient aux rapports de l’Église et de l’État, à la liberté d'association et d'enseignement (congrégations et écoles) et à la liberté de conscience individuelle.

1. Guizor. Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, UL p. gr.