Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

182 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

« seignement) en lumière. » Il faut maintenant en poursuivre l'application ‘.

Cependant, Montalembert à la tribune du Luxembourg, le P. Lacordaire dans ses écrits, l'archevêque de Paris aux Tuileries et les évêques en toute occasion réclamaient la tenue de cette promesse de la Charte. Les plus ardents résolurent de faire campagne contre l'Université, qu'ils accusèrent d'exercer une vraie dictature sur l’enseignement de la philosophie et d’ébranler la foi catholique en négligeant l'éducation morale et religieuse dans ses collèges.

En mai 18/40, parut à Paris et à Nancy un libelle intitulé : Le monopole universitaire, dévoilé à la France libérale et à la France catholique, par une société d’ecclésiastiques présidée par l'abbé Rohrbacher. L'auteur, anonyme, appelait les collèges royaux « des forts construits sur notre sol contre la liberté de conscience » et les accusait de mener leurs élèves au doute et à l’incrédulité. On sut bientôt que l’auteur de ce pamphlet était un aumônier de collège, l’abbé Garot et que sa brochure avait été inspirée par les Jésuites de Nancy; mais elle était trop mal écrite pour avoir un grand succès. Ce ne fut qu'un pétard avant-coureur de la bataille.

La bataille s’engagea l’année suivante lorsque cinquante-six évèques, l’archevêque de Lyon en tête, forcèrent, par leurs protestations contre l’article XVIIT, le ministère à retirer le projet de loi Villemain (1841). Encouragés par cette retraite, les évêques et les journaux catholiques redoublèrent de violence. M*' de Bonald, archevêque de Lyon et M£' d’Astros, archevêque de Toulouse, accusèrent les professeurs de philosophie des collèges royaux d’enseigner soit le déisme, soit même le panthéisme et le socialisme. Le fougueux évêque de Chartres, M Clausel de Montals, et son collègue de Belley, M# Devic, traitèrent tous les établissements de l’Université « d'écoles de pestilence ». Montalembert, à la Chambre des pairs, réclamait de son côté la liberté de l’enseignement (séances du

1. Mémoires, t. VIT, p. 378-380.