Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

18/4 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

justice à l’Université, il soutint que l'État devait se borner à surveiller l’enseignement et non pas « se substituer au prêtre à qui seul il appartenait d'enseigner la morale. » Enfin, ME" Parisis, évêque de Langres, dans ses Æxamens sur la liberté d'enseignement, déclara que le clergé ne travaillait pas pour un parti, mais réclamait la liberté pour tous.

Ces voix pacifiques furent couvertes par les cris des énergumènes, jetant l'anathème à l'Université, au nom de la liberté de conscience ! Le tout était dominé par les appels du comte de Montalembert, qui, dans sa brochure : Devoir des catholiques dans la question de la liberté de l'enseignement, déclarait que « la liberté ne se reçoit pas, mais se conquiert » et conviait les catholiques à former un parti politique ayant ses Journaux, ses comités de propagande et à agiter la démocratie. Joignant l’exemple au précepte, etsecondé énergiquement par M. de Vatimesnil, ancien ministre de la Restauration, et par l'abbé Dupanloup, vicaire général de l’archevêché de Paris, il provoqua (27 mai 1843) l'envoi de pétitions à la Chambre. en faveur de la liberté d'enseignement et fonda le Comité « catholique pour la liberté religieuse » (décembre 1843).

En présence de ces attaques, que faisait l’Université? Elle était défendue à la Chambre des pairs par Victor Cousin et M. Rossi; au Palais-Bourbon par Dupin, Isambert, SaintMarc Girardin. Elle avait pour organes dans la presse: les Débats, le National, le Courrier francais, le Constitutionnel, etla Revue des Deux-Mondes mettait au service de sa cause la plume de ses meilleurs collaborateurs : Edgar Quinet, Lerminier, Jules Simon. Les deux premiers ne voyaient dans la querelle qui s’était élevée entre le clergé et l'Université rien d'autre que celle qui partage l'esprit humain depuis des siècles. Le clergé représente la croyance; l'Université, la science et ils concluaient qu'il fallait que chacune de ces voies fût suivie jusqu'au bout, sans intolérance, mais aussi sans transactions hypocrites !. Jules Simon commençait par réluter

1. V. Revue des Deux-Mondes, 15 avril 1842, 127 mai 1844.