Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 189

les accusations d’immoralité, de panthéisme lancées par certains évêques contre l’enseignement philosophique de l'Université, mais blämait ensuite quelques professeurs d'avoir pris des sujets de cours irritants, comme M. Gatien Arnoult, qui à Toulouse traitait de la philosophie de Lamennais. Ce qu'il demandait, c'est la liberté d'examen absolue pour tous les partis.

« Les catholiques disait-il ont le droit et le devoir de discu« ter, de critiquer tel ou tel enseignement philosophique. Il y «a deux faits mébranlables : l'Université, qui n’est autre que « l'État enseignant et ce fait qu'il n'y a plus de religion « d'État. Les professeurs doivent se borner à enseigner des « doctrines spiritualistes, ils ne doivent ni enseigner, ni « attaquer aucune religion. C’est la tâche des aumôniers « d'enseigner les diverses religions. » Et il terminait par ces paroles prophétiques : « Si la liberté de l’enseignement aboutit « à la création de collèges catholiques, protestants, israélites, « qu'y gagnera l’unité nationale ? Cela pourrait aboutir à la « révocation de l’édit de Nantes'. »

Au milieu de cette mêlée des partis, qu’allait faire le cabinet du 29 octobre 18/40, présidé par le maréchal Soult ?? Les sentiments de M. Guizot, qui en était l'âme, sont assez connus par la citation faite plus haut. Il était partisan de la libre concurrence entre l'Université et les écoles libres ou confessionnelles. Mais, il était gêné par l'opinion de la majorité des députés, qui se méfiait loujours des ingérences du clergé dans l’état social et l'instruction populaire. MM. Martin du Nord, ministre des cultes, et Villemain, ministre de l'instruction publique, tout en étant personnellement catholiques partageaient les préjugés de la Chambre à l'égard du clergé et croyaient nécessaire la haute surveillance de l’enseignement secondaire par l'Université. Il devait sortir de là un projet de transaction.

1. Revue des Deux- Mondes, 1° avril 1842 et rer février 1843.

2. Les autres ministres étaient: Duchâtel, à l’intérieur ; Teste, aux travaux publics ; Cunin Gredaine, ete,