Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS EA MONARCHIE DE JUILLET 187

« Il est bon, disait-il, puisque la liberté des cultes est bonne « et nécessaire, d'apprendre aux hommes, dès l'enfance, à « vivre en charité mutuelle; il est bon d'apprendre de bonne « heure aux jeunes esprits à respecter les uns chez les autres « ce qu'il y a au monde de plus respectable : la sincérité des « convictions religieuses. Mais un tel régime ne saurait être « imposé d’aulorité à personne ; tous les caractères ne sont « pas assez fermes pour le supporter » et il concluait, au nom de la liberté de conscience, au droit des parents de pouvoir choisir entre différentes écoles.

Conformément à ce principe, la commission de la Chambre des pairs adopta un article additionnel, proposé par Pelet (de la Lozère) et ainsi conçu : « L’instruction religieuse, en « ce qui concerne l’enseignement des dogmes et de l’histoire « de la religion, est donnée séparément, s’il y a lieu, dans « les établissements particuliers ou publics, par un ministre « de chaque culte. Les pères de famille peuvent faire « instruire dans ces établissements leurs enfants par un « ecclésiastique de leur culte ».

Le projet Villemain donna lieu à un débat animé, qui dura plus d’un mois (22 avril au 24 mai 1844) et qui passionna l'opinion publique. Dans la discussion générale, les droits de l’État et la suprématie de l'Université furent défendus avec force par Victor Cousin et Villemain ; avec plus de réserve, par de Rossi, Portalis et Guizot. Cousin montra que les projets des adversaires du monopole ne tendaient qu'à semer des germes de division dans l’âme de la jeunesse et, par suite, À compromettre l'unité morale de la France.

En vain Guizot, comme le duc de Broglie, firent-ils appel à la tolérance, disant qu'ils appelaient de tous leurs vœux la réconciliation de l'Église avec la liberté. Le comte de Montalembert, traitant le projet Villemain de « tyrannique et hypocrite » le repoussa et lui opposa un contre-projet, signé de MM. Beugnot, Gabriac, Barthélemy et Séguier et qui réclamait : 1° le droit pour tout bachelier de fonder une école secondaire, sans autre condition que celle d'un certi-