Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET IOT

philologue et professeur, dans son livre: /es Jésuites et l'Université montra quel tort les Jésuites faisaient à la religion catholique par leurs pratiques de dévotion, critiqua leur enseignement de la morale et démasqua leurs agissements contre l’Université. Un pair de France, le comte de Saint-Priest, dans son livre sur l'Histoire de la suppression de l'ordre des Jésuites expliqua les causes graves qui au sv siècle les avaient fait supprimer par les nations les plus catholiques de l'Europe et abolir par le pape Clément XIV. Il rappelait, dans son avant-propos, les paroles prononcées par lui-même, à la chambre des pairs (23 avril 1844) : « de « n’accuse de rien la société fameuse, disaitl, si ce n’est d’être « incompatible par son institution même avec les principes « d’une éducation nationale. Les Jésuites ne peuvent pas « enseigner l'amour de la France : ce serait donner un trop « violent démenti à leur histoire et à la nôtre ! » Peu après, Eugène Sue, s'inspirant de ces travaux, signalait dans son Juif errant leurs plus vilains défauts à la haine populaire”.

La société de Jésus ne manqua pas de défenseurs. Outre le comte de Montalembert, M. de Vatimesnil? et l'abbé Dupanloup, qui dirigeaient les travaux du comité catholique pour la liberté religieuse, ils obtinrent le concours du cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, et de la plupart des évêques de France. L'archevêque de Paris, dans ses Obserpations sur les controverses à propos de la liberté d'enseignement (1843) regrettait qu'ils n'eussent pas une plus grande part dans l'enseignement. Et, chose imprévue, le Globe s'était joint aux champions attitrés des intérêts catholiques, l'Ami de la religion, l'Univers religieux pour faire campagne en leur faveur.

Mais, si tous ces avocats de la compagnie de Jésus étaient plus ou moins prudents dans leur zèle en sa faveur, nul

1. Ce roman, qui parut d’abord en feuilleton dans le Constitutionne!, exerça une grande influence sur l'opinion.

2. Voyez sa « Lettre au P. de Ravignan sur l'état légal en France des associations religieuses non autorisées (1844).