Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
CHAPITRE VII.
Les hommes!
En religion, l’idée abstraite ne suffit pas ! Elle n’a pas, par ellemême, assez de puissance. 11 faut qu’elle se fasse chair, il faut qu’elle s’incarne dans une personne ei dans une vie qui la réalisent et qui lui donnent, en la réalisant, plus de relief et plus de prise sur les âmes.
Ce qui a fait, ce qui fait encore la foree du christianisme, c’est : moins l’idée qui est à sa base, et qui, après tout, n’élait pas étrangère au judaïsme, que la personne de son fondateur. J6sus à incomparablement plus agi sur le monde par son exemple, par sa vie, par le rayonnement de sa personnalité si sainte et si sublime, que par les idées qu’il a professées et prêchées ! Cela est si vrai, qu’au premier siècle, la prédication du christianisme consistait surtout à annoncer Jésus. Les apôtres (1) « prêchaient Christ » et c’était là la prédication à la fois la plus simple, la plus vivante et la plus populaire du christianisme. Qu'est-ce à dire ? Qu’une religion ne saurait se passer d’une haute et sainte personnalité qui en soit l’expression vivante ; d’une personnalité assez haute pour défier toute comparaison et assez sainte pour pouvoir être proposée à tous comme la réalisation humaine la plus parfaite de l'idéal du bien et du juste.
(1) Corinthiens, ch, I, v, 23.