Histoire des deux conspirations du général Malet

256 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

quelque magistrat haut placé, ils étaient nécessairement indignes de tout pardon.

Le 29 octobre 1812 — c'était un jeudi, — à trois heures et demie de l'après-midi, par un temps sombre et pluvieux, six fiacres s’arrêtèrent à la porte de la prison de’Abbaye. Dans chacun de ces fiacres montèrent deux condamnés avec deux gendarmes. Puis le funèbre cortége s’achemina par les rues SainteMarguerite, Taranne, de Grenelle-Saint-Germain et l'avenue de Lamothe-Piquet, à la plaine de Grenelle, lieu ordinaire de l'exécution des malheureux envoyés à la mort par les commissions militaires.

On à recueilli officiellement les paroles prononcées par le général Malet pendant ce trajet lugubre. Tandis que le pauvre colonel Soulier faisait retentir l'air de ses plaintes et se lamentait, hélas! sur le sort de sa femme et de ses enfants, et que le capitaine Borderieux s’évertuait à crier Vive l Empereur ! pareil à Pesclave romain qui saluait César au moment de mourir, Malet s’efforçait de donner, en quelques mots, sa signification véritable au mouvement dont il était la victime. « Jeunes gens, » dit-il à des étudiants qui, dans la rue de Grenelle, regardaient passer d’un air ému les six fiacres où vivaient et pensaient encore une douzaine d'hommes dont on