L'abbé Louis Bailly : 1730-1808

L'ABBÉ LOUIS BAILLY. 27

vant sur le soir à la ville pour retirer son passe-port. Sa haute taille semble fléchir, son bel air si ferme, si dégagé, a pris je ne sais quoi de soucieux; c'est que, résolu à tenter toutes les ruses pour arracher ces prêtres aux griffes des scélérats, pour la première fois de sa vie, Foisset va dissimuler. Il gravit les degrés en fer à cheval qui, du parvis Notre-Dame, conduisent à la salle du bailliage où siège en permanencele directoire du district, quand un inconnu lui jette à voix basse ces mots rapides : « Citoyen Foisset, ton nom est sur la liste des émigrés. » C'était dire : « Tu es perdu, toi et tes biens. » À pareille révélation, tout autre que Foisset se fût empressé de fuir; mais lui bondit jusqu’au prétoire, s'élance sur l’estrade où trônaient les directeurs, et étreignant le président d’une de ses puissantes mains, de l'autre il désigne la liste fatale, et,