L'année de la peur à Tulle

I

cheval. La mère du plaignant voyant que son fils étoit si mal traité sortit de sa maison et se mit a la traversse en disani au sieur D... : Monsieur, epargnez mon fils qui me donne à vivre, tués moy plutot moy ; alors il la repoussa brutalement en luy disant : Bougresse, ote toi de la ou je te casse les os. Et s'obstina a demander le fusil du frère du plaignant ; on luy repeta encore qu’on ne l'avoit pas, il s’obstina encore a le voulloir, de sorte qu'on fut contraint d’enfoncer une caisse ou il etoit enfermé. À force de prières qu’on lui a fait ou fait faire, il en a rendu un et il retient encore l’autre.

JEAN BORIE, du bourg, se plaint qu’il y a six ans ou environ que le sieur D... luy fit arracher daus un bois a luy appartenant, appellé de Piny, situé dans les appartenances du bourg de Cornil, huit chataigners, arbres faits et de très bon rapport dont il fit faire du bois qu'il fit entasser sur les lieux et transporter chez luy quand il fut sec.

À peu près dans le même temps le plaignant avoit fait faire des brasses de bois châtaigner, lequel bois le sieur D... fit emporter d’authorité chez luy et le plaignant n’a jamais reçu que douze livres quoyque ledit bois valloit quatre livres la brasse.

Bertrou MURAT, de Cessenat, se plaint qu'il y a environ douze ans que le sieur D... vint ches luy pour le désarmer et le plaignant ayant refusé de luy rendre son fusil, ledit sieur D...luy donna un coup de pointe de batton sur l'estomac, duquel coup il fut renversé et etant par terre il l'accabla de coup de son batton, jusqu'a ce qu’il l’eut cassé sur son corps. Le plaignant fut si cruellement maltraité que du depuis il luy a esté impossible de travailler pour gagner sa vie.

François VAREILLE, de la Ramade, se plaint qu'il y a environ douze ans qu'étant dans un pré appartenant à Jean Lascaux, du village de Poumeyrol, le sieur D... vint à passer et ayant apperçu le plaignant « luy dechargea son fusil double sur luy », dont l’un l’atteint au chapeau et l'autre à une cuisse en fleurant et après