L'année de la peur à Tulle
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des barriques qui se vident comme par enchantement. Mais toute fête a sa fin; un roulement des tambours rappelle les troupes sous les armes. Il est onze heures et M. le curé de Favars est venu prévenir les commissaires du département qu'il va célébrer la messe paroissiale ; un détachement de la troupe est commandé pour y assister en armes.
La cérémonie terminée, un des commissaires monte en chaire, et, dans un discours en patois, afin d’être bien compris des campagnards, il expose quelques principes de la Constitution, il fait ressortir les avantages qu’elle procure à tous les Français. et surtout aux cultivateurs, rapporte la disposition des décrets qui déclarent les : propriétés et les personnes sacrées el inviolables..…. Il rappelle aux gardes nationales le serment qu'elles ont fait de maintenir la Constitution et d'obéir à toutes les réquisitions des corps municipaux. !l demande enfin que les gardes nationales de Favars, Saint-Hilaire et celle de Saint-Germain, qui viennent d’arriver, renouveilent ce serment en présence des troupes qui étaient rangées sur la place du bourg.
Aussiôt après la cérémonie, a lieu la prestation de serment, puis les gardes nationales sont rassemblées de nouveau dans la cour du château. Les officiers municipaux de Favars, Saint-Germain, Sainte-Féréole et Saint. Hilaire, forment le centre. Un des commissaires, placé à l’une des fenêtres du château, hsrrangue ces troupes. Il offre aux municipalités de laisser un détachement à Favars pour le cas où ils craindraient de nouvelles atta‘ ques contre la propriété. Cette proposition est repoussée, mais les municipalités de Saint-Germain et de SaintHilaire demandent que le département fournisse des armes à leurs gardes nationales qui n’en ont pas, leurs communes ne pouvant leur en fournir,