L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

216 LES SUBMERSIONS IRLANDO-ARMORICAINES

rope, jusqu'au palus Maéotides (mer d’Azov). Il me semble fort remarquable que la légende connue de Platon et concernant des peuples de l’âge du bronze, qu'il nomme Atlantes, soit si étonnamment conforme à ce que l’histoire primitive a cru savoir des peuples de l’âge du fer qu’on nommait Celtes ou Cimbres. Dans les deux cas il s’agit de peuples de FAtlantique, ou riverains de mers dépendant de l'Atlantique, de submersions marines et de migrations lointaines de peuples à la suite de ces submersions. On sait que les Doriens furent eux-mêmes considérés comme ayant émigré vers le sud à la suite de submersions.

Or il faut noter que les submersions qui eurent réellement lieu à partir de l’âge du bronze dans les régions dont il s’agit progressèrent de l’ouest à l’est. II me semble donc possible qu’on ait d'abord nommé Atlantes les peuples (connus par la voie maritime atlantique) dont le territoire se trouvait à l’extrême occident de l’Europe, entre l'Irlande et l’Armorique, et qui furent obligés d’émigrer dès l’âge du bronze (époque encore légendaire). Puis on a nommé Celtes ou Cimbres les peuples, connus par la voie continentale, dont le territoire, situé plus à l’est (mer de la Manche, mer du Nord, Baltique), ne fut submergé que plus tard, aux époques déjà historiques de la fin de l’âge du bronze ou de l’âge du fer.

Le caractère même des submersions est lui-même parfaitement défini par la description que donne Platon de la capitale des Atlantes et il est peu probable qu'il ait pu imaginer lui-même (ignorant les côtes atlantiques) une disposition aussi typique. Il s’agit manifestement d'une cité construite sur une ancienne terrasse littorale momentanément soulevée, ayant derrière elle l’ancienne falaise et entourée d’un réseau de fausses rivières et de dunes (les trois enceintes d’eau et les deux enceintes de terre tracées par Poseidon). Une telle cité devait se trouver en perpétuel «péril de la mer» à partir du moment où l'oscillation ascendante, qui avait exondé la terrasse, ferait place à une oscillation de sens inverse. Or ces oscillations ont eu lieu au cours du mouvement général d’ennoyage qui a submergé la Manche. Le profit des vallées des fleuves côtiers normands en conserve la trace, depuis longtemps signalée par M. Bigot. Platon insiste lui-même sur le fait qu'à l’en-