L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

218 LES SUBMERSIONS IRLANDO-ARMORICAÎNES

la mer Tyrrhénienne (en Etrurie). J’ai rappelé que, selon Posidonius, des Cimbres, partis de la mer du Nord, arrivèrent jusqu’à la mer Noire. Leurs prédécesseurs atlantiques, partis, à l’âge du bronze de la mer de la Manche, purent donc, eux aussi, arriver jusqu’à l’Etrurie.

Mais il est vraisemblable que, tout d’abord, les populations refoulées par la mer remontèrent l’ancienne vallée de la Seine tertiaire suivant son axe, et arrivèrent jusqu’en Scandinavie. Il se peut, suivant des théories modernes, que telle soit la première origine des Germains. Une technique particulière de la préparation du sel marin, spéciale à la Normandie et aux côtes du Jutland, et que j'ai décrite, est peut-être une trace ethnique et technique de cette migration. Les migrations transversales partirent probablement de la partie moyenne de la vallée en voie d'ennoyage, c’està-dire des plateaux de terres arables primitives constituant les campagnes de Caen et d’Argentan, voie d'accès historique vers la Gaule Centrale et la Méditerranée. J'ai fait remarquer depuis longtemps que là se trouvent de très curieux monuments (les tumulus néolithiques à pseudocoupoles) qu'on ne trouve ailleurs qu’en Irlande, en Angleterre, en Scandinavie, en Espagne, en Etrurie, à Pantellaria, pays dont les premiers sont, avec les plateaux normands que je viens de citer, les régions mêmes où des Atlantiques en migration de l’ouest à l’est purent arriver, en remontant l’ancienne vallée de la Seine tertiaire ou ses versants, et dont les derniers sont ceux que Platon cite comme ayant été conquis par les Atlantes. C'est là aussi qu'Elien fait hiverner ses phoques.

N.-B. — Les forêts et tourbières submergées de la baie du mont Saint-Michel et des côtes normandes, étudiées par les archéologues normands dès le début du xix° siècle, et datées depuis longtemps par leur faune de mollusques (abbé Letacq), feraient l’objet d’une bibliographie considérable qu'il n’est pas possible d'indiquer ici (se reporter à l’ouvrage cité du docteur Doranlo), ainsi que les études récentes sur la première submersion (paléolithique) au sujet de laquelle on pourra consulter les ouvrages de A. Bigot et de Guillaume.