L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 229

chands qui se servent de la halle et des mesures du seigneur, et surtout la chasse qui appartient exclusivement aux propriétaires de fiefs, les banalités de moulin, de four, de pressoir, de banvin; 4° droits de justice, taxes et amendes. Ce sont les redevances en argent et surtout en nature qui forment le revenu le plus important des possesseurs de domaines. Les redevances perpétuelles en nature, les monopoles des seigneurs sont essentiellement vexatoires. Tous ces droits domaniaux sont à la fin du xvin siècle plus lourds qu'ils ne l'ont été depuis le xvr'; une immense réaction seigneuriale se manifeste partout. Jamais on ne fit autant de registres terriers qu'après 1786; tous les grands seigneurs cherchent des commissaires à terriers pour faire rendre au domaine tout ce qu'il peut. Les officiers des seigneurs, leurs procureurs fiscaux, leurs intendants, leurs gardes-chasses, leurs meuniers accablent le paysan de taxes de plus en plus fortes et vexaloires.

Après les droits domaniaux, les dîmes ecclésiastiques, — les dimes inféodées font partie du domaine, — qui se perçoivent sur la récolte, d’abord sur les gros fruits, comme le blé, ici à la dixième ou à la douzième gerbe, parfois seulement à la quinzième et même à la trente-sixième, comme en Bretagne; puis sur les menus fruits : pois, fèves, lentilles, enfin sur le produit des héritages défri-