L'oeuvre sociale de la Révolution française

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chés depuis quarante ans. Au xvur® siècle, les dîmes tendraient parfois à diminuer, beaucoup de terres étant abandonnées par des paysans trop misérables ou employées à des cultures dont les produits ne sont pas décimables ; mais les ecclésiastiques travaillent à compenser ces pertes, et, dans certaines régions, ils perçoivent les dimes sur des produits qui jusqu'alors ne les payaient point : les mils et les blés noirs de Bretagne, les pommes de terre, le chanvre, la navette du pays de Belfort.

Enfin toute la série des impôts royaux : taille, capitation, vingtièmes, contribution pour les chemins, gabelle, sans compter les logements de gens de guerre, le centième denier, etc. Régime fiscal inégal et arbitraire qui pèse surtout sur le pauvre; si bien qu'il suffit « d'être riche pour devenir noble et de devenir noble pour cesser de payer, et qu'il n'y a qu’un moyen d'échapper à l'imposition : c'est de faire fortune ». Et tous ces impôts augmentent avec les guerres et les dépenses de cour.

Toutes les charges qui grèvent la terre du paysan s’accroissent : impôts royaux, droits domaniaux, parfois même dans certaines régions, les dimes elles-mêmes. La triple exploitation du cultivateur par le roi, les privilégiés et l'Église est plus dure que jamais.

D'où la routine qui perpétue la pratique ruineuse

de la jachère, quelquefois pendant six ans de suite,