L'oeuvre sociale de la Révolution française

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ensemble de services généraux : entretien des ministres et du culte, assistance des pauvres. Or, ce sont là des services publies. Si l'État les reprend à l'Église, il doit aussi reprendre les richesses qui leur sont destinées. Formulée si nettement par Talleyrand, évêque d'Autun, cette théorie, qui n'était autre que celle des canonistes, dut exercer une influence décisive.

Entin,. les arguments pratiques. L'Église, privée des biens ecclésiastiques, reviendra à la pureté primitive dont elle n’aurait jamais dû s’écarter ; elle se réformera, elle grandira en autorité morale. Pour l'État aussi et surtout ce sera le salut. La nécessité exige l’aliénation de cesbiens. Il n’y a pas d’intérèt supérieur à celui de la nation. La société entière sera régénérée. À côté de ce grand résultat, que peut peser le luxe et le superflu d’une poignée d'hommes? L'Évangile même est contre eux. D’ailleurs, il y a des précédents, partiels tout au moins; dans des besoins extrêmes le roi a pris des biens ecclésiastiques ; la nation et l’Assemblée nationale auraient-elles moins de pouvoir ?

La plupart des membres du haut clergé et quelques rares juristes, tels que Camus, ripostèrent vivement. D'abord, ils cherchent à ruiner les arguments juridiques de leurs adversaires. La propriété est une créalion sociale, qu'elle soit individuelle ou cor-

porative. Voilà ce qu'affirme Camus. Par suite «il

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