L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 251

y a la mème injustice à priver sans cause Juste un corps de son existence et de ses droits civils qu'il yen a à priver un individu de sa vie ou de ses droits sans cause juste ». Camus assimile les corporations aux individus au point de vue du droit. L’évèque d’Uzès, de Béthisy, pousse plus loin cette assimilation. Les corps ont tout autant de réalité que les individus. Ce sont des êtres véritables que l’on n'a pas le droit de détruire, dont on doit ménager l'existence et les biens. Les arguments de Camus, fondés sur la conception révolutionnaire de la propriété, laissaient voir ce qu'il y avait de spécieux dans les théories de Thouret et de Treilhard.

Les arguments historiques de Talleyrand gênaient davantage le haut clergé. Ils avaient pour base, en effet, la théorie canonique elle-même. Mais les prélats abandonnèrent cette doctrine et soutinrent que c'étaient, sinon le clergé, du moins les églises particulières qui avaient le droit de propriété. C’est à tel établissement particulier désigné par le titre, à telle abbaye, à telle chapelle, à telle église que les biens ont été donnés; dans l'acte de donation « tout a été individuel ». Ce sont comme des propriétés particulières que l'État doit respecter.

Enfin ils attaquent le projet des Comités en montrant toutes les conséquences qu’il entraînera. C’est pour des agioteurs que l’on va dépouiller le clergé, s’écrie Maury. Et cette spoliation sera un précédent