L'oeuvre sociale de la Révolution française

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funeste qui légitimera « toutes les insurrections de la loi agraire ». Parmi ceux-là mêmes qui admettent le principe de sécularisation, plusieurs, comme Malouet et Grégoire, — c’est un tiers parti qui se forme dans ces débats, — représentent les inconvénients d'une aliénation totale, qui nuirait aux pauvres et à la nation, et qui priverait les curés et les vicaires de la campagne des biens-fonds nécessaires à la réforme morale du clergé.

Après ces longues el vives discussions, l’Assemblée constituante vote, le 2 novembre 1789, par 568 voix contre 346, 40 voix étant nulles, que les biens ecclésiastiques sont mis à la disposition de la nation, à la charge de pourvoir d’une manière convenable aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres. Mais le vote du décret ne détruit pas toutes les résistances. Les adversaires de la loi prétendent avec subtilité que les biens ecclésiastiques ne sont mis qu'à la disposition de la nation, c'est-à-dire que la nation n’a pas la faculté de les aliéner, mais seulement le pouvoir d’en distribuer les revenus. C'est un moyen pour le clergé de garder l'administration de ses biens, et le Comité ecclésiastique, ami des compro-

mis, est favorable à ce système qui ne ferait que

détruire l’œuvre de l'Assemblée. Car, comment

confier au clergé l'exécution de mesures qu'il est

le premier à désapprouver? Aussi, sur les instances

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