L'oeuvre sociale de la Révolution française

256 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

paysans étaient plus nombreuses et actives qu'ailleurs. Il est probable que dans les autres régions, de mème que dans la Côte-d'Or, ce sont le plus souvent les habitants des villes qui ont acquis de 1791 à 1793 les biens ecclésiastiques ; les paysans auraient trouvé une compensation dans les biens d'émigrés.

La Révolution a augmenté certainement le nombre des propriétaires ; elle à accru aussi la propriété de ceux qui possédaient déjà. À défaut de statistique parfaite, nous pouvons saisir l'importance du changement qui s'est opéré. Avant la Révolution, le sol se divise à peu près par moitié entre les privilégiés et le tiers état; et, dans l’ordre du tiers, les classes rurales possèdent beaucoup plus de terre que Îa bourgeoisie, peut-être, en général, un tiers en plus. Après la Révolution, plus de ces immenses propriétés ecclésiastiques et seigneuriales. Les bourgeois ayant acquis très souvent autant et plus que les paysans, ont comblé en partie l'écart qui existait entre les classes rurales et eux. Les paysans possèdent toujours davantage ; mais entre leurs mains la terre est très divisée el se divise sans cesse. Les bourgeois ont acquis un petit nombre de grands domaines que le régime être aussi ne verra-t-il pas très bien quelle différence il y a entre les bourgeois et les paysans. Il est certain que la démarcation est

difficile à établir; il ne s'ensuit pas qu'il n'y ait pas en gros deux groupes distincts par leur genre de vie.