L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 369

véritables soldats citoyens. La question demeura en suspens, et il ne resta des débats qu'elle avait provoqués dans l’Assemblée qu'un encouragement à l’indiscipline pour les troupes.

Du moment que l’armée échappait au pouvoir exécutif central, il fallait la mettre sous l'autorité de l’Assemblée législative, seul pouvoir central dans le civisme duquel les troupes eussent confiance. L'Assemblée était entraînée à se saisir de l’action. Déjà exécutive dans tous les services publics, et parallèlement son Comité militaire annulait peu à peu le ministre de la Guerre. Néanmoins elle ne cédait à cette tendance qu'avec répugnance el sous la pression des événements, car investie du pouvoir législatif exclusivement, elle tenait à respecter le principe de la séparation des pouvoirs érigé en dogme par la Constituante. Du reste les administrations locales ne se montraient pas beaucoup plus soumises aux instructions de ses Comités qu à celles des ministres, aux circulaires du Comité militaire qu'aux injonctions du ministre de la Guerre.

La situation devint encore pire, quand, après la rupture avec l'Autriche et la Prusse, les premières hostilités eurent mis en lumière les défiances des soldats de ligne contre leurs officiers nobles, l'indiscipline de la ligne et des volontaires. L’antagonisme entre Louis XVI et la Législative augmentait constamment. A la suite, dans le pays, la

24