La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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solidairement avec les pays de même race et de même religion, elle risque de compromettre son hésgémonie pour une bagatelle.

Le Gouvernement bulgare devrait songer au danger qui surgirait pour lui, si ses Alliéset voisins se liguaient dans un même sentiment de doute et de méfiance contre lui: alors qu'il devrait resserrer davantage les liens qui l’unissent à Eux, ce qui ouvrirait dans l'avenir, à la prospérité bulgare, les plus brillants horizons.

Les faux amis de la Bulgarie l'attirent dans une voie, la Russie l'invite à en suivre une autre, lui évitant ainsi un choix erroné et périlleux. Si malgré cela elle se laissait aller à un opportunisme étroit, cette politique la jetterait sûrement dans une aventure dont elle ne tirerait que des déceptions. Car enfermée dans le bloc ennemi de ses voisins, privée de l'appui de la Russie, elle chercherait vainement une aide ailleurs. Elle ne pourrait plus reconstituer les bases solides de son développement futur, alors qu'elle l’aurait pu grâce à notre concours qui lui resterait acquis si elle nese laissait pas détourner du bon chemin. La Bulgarie ferait acte de sagesse si de son plein gré elle acceptait certaines modifications au traité de délimitation et consentait quelques minimes concessions. Ces concessions produiraient à Belgrade l'impression attendue, d'autant plus qu'elles seraient bénévolement accordées et consolideraient l'union des deux pays sans laquelle on ne peut même pas parler de leurs obligations réciproques dans le passé.

Veuillez vous expliquer dans le sens indiqué tant avec M. Guéchoff qu'avec les autres partis politiques, dont les vues ont quelque importance dans la direction ultérieure de la politique du Gouvernement.

Nous serions très désireux d'amener le Cabinet actuel à un échange de vues avec la Serbie pour une délimitation plus rationnelle de la frontière, telle qu'il serait disposé à l’admettre!, Signé : SAZONOFF.

* Documents diplomatiques, ne 169, pp. 117 à 120.