La correspondance de Marat

16 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

D'après les renseignements que cette lettre contient, on ne peut douter que l’auteur du Mémoire sur l'électricité médicale ne vous soit parfaitement connu ; mais il paraît nécessaire qu'il le soit aussi de la Compagnie à l'estime de laquelle ses talents lui donnent tant de droits, sauf à ce qu'elle se prive de la satisfaction de le nommer publiquement, tant qu'il désirera garder l’anonyme. Mais le régime du corps, ef l'intérêt même de l’auteur, exigent que son nom soit consigné dans nos registres. D'ailleurs, le mystère qui peut lui convenir actuellement cessera d’être d'accord avec son projet‘ de faire imprimer cet ouvrage à la suite d'un autre auquel il va de sa gloire de mettre son nom. La réticence serait donc en pure perte et désobligeante pour l'Académie. Quunt au renvoi que vous me demandez du Mémoire de votre ami, permettez-moi de vous observer, Monsieur, que même tous ceux qui ont concouru appartiennent à l'Académie, et à plus forte

raison celui qu’elle a couronné. Tout ce qu'elle peut, sans blesser ses droits, est d’en faire tirer une copie aux frais de l'auteur et de la lui envoyer. Il est encore de règle d’avoir son agrément pour rendre publique cette copie, et c’est de quoi nous nous occuperons en temps. Le plus pressé est de pourvoir la délivrance de la médaille ?.

Il est de règle stricte dans toutes les Académies de l'Europe, que le prix ne soit délivré qu'à l'auteur en personne, ou à quelqu'un fondé de sa procuration spéciale. Dès que M. votre ami aura rempli l’une ou l’autre de ces conditions, il sera satisfait à cet égard. PE

Je suis mortifié, Monsieur, que la rigueur de mon ministère ne me permetle pas de condescendre à vos désirs, mais vous

1. M. le baron de Feldenfeld avait demandé le renvoi du Mémoire, et avait donné pour raison que l'auteur désirait le faire imprimer à la suite d’un autre ouvrage. (Nofe de Marat)

2. M. le baron de Feldenfeld avait aussi demandé que la médaille restât entre les mains du trésorier jusqu'à ce que l'auteur se fit connaître. (Nole de Marai)