La correspondance de Marat

86 LA CORRESPONDANCE DE MARAT No AT, _:

« Journal de Paris ».

* Lundi 25 octobre 1719.

- Messieurs,

Les découvertes de M. Marat sur le feu élémentaire sont certainement de natüre à faire époque dans l’histoire des sciences. Le spectacle qu'offrent ses expériences est d’ailleurs si neuf et si frappant, qu'il est bien étrange qu'on n’en ait encore rendu compte que dans le Journal de Paris. Je n'ai garde de regarder toutes nos feuilles hebdomadaires comme un monument de la futilité du siècle ; mais par quelle bizarrerie les choses importantes n'y peuvent-elles trouver place, tandis qu’elles sont remplies de tant de puérilités ? Je ne dirai rien ici de la nouvelle doctrine de M. Marat; je n’ai pas la ridicule prétention de m'ériger en juge; mais, permettez, Messieurs, que je dépose dans vos feuilles quelques observations sur l'utilité de la méthode d'observer dans la chambre obscure, dont cet habile physicien est l'inventeur.

Avant lui, l'usage du microscope solaire était très borné ; comme par la manière ordinaire de se servir de cet instrument l’objet est placé au foyer, on ne pouvait examiner que de très petits objets; encore fallait-il qu'ils fussent diaphanes; mais par la manière de s’en servir de M. Marat, le microscope solaire est devenu l'instrument de physique le plus utile et le plus ‘précieux, également propre à examiner les corps d'une grande et d'une petite étendue, opaques ou transparents, il sert à rendre visibles leurs émanations les plus subtiles ; aussi, cette nouvelle méthode d'observer dans la chambre ‘obscure est-elle faite pour ouvrir un vaste champ aux récherches des physiciens; ainsi qu'en a jugé l’Académie des