La correspondance de Marat

90 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

premier égard, mon extrait de baptème fait foi. Au dernier égard, il suffit de jeter les yeux sur les ouvrages que j'ai donnés au public depuis mon arrivée en France, et dont j'ai l'honneur de vous faire hommage, pour sentir que leur composition a demandé tout mon loisir, et qu’elle m'a coûté de fortes sommes.

Les sciences, Moniter: ne vous sont sans doute pas plus étrangères que les belles-lettres et les beaux-arts : si vous saviez un seul de ces ouvrages, vous reconnaitriez aux recherches dont ils sont remplis qu’ils ont dû absorber tout mon temps et prendre même sur mon repos. Et si vous prenez la peine de suivre les dates de leur publication, vous verrez que tant que j'ai eu le titre de médecin des gardes d'Artois, j'ai été livré à la retraite du cabinet, comme j'y ai été livré depuis que j'ai renoncé à ce titre, car il ne se trouve plus dans mes deux derniers ouvrages.

Il est juste que je ne sois pas imposé à la capitation, puisque je suis dans le cas de tous les étrangers qui voyagent et dépensent pour s’instruire. Au reste, Monsieur, il en coûte infiniment à ma délicatesse de vous faire une pareille demande, et je n'aurais pu m'y déterminer, si la mauvaise foi de ceux qui ont abusé de ma confiance ne m'imposait la plus stricte économie.

Je connais trop le prix de vos moments pour me rendre plus longtemps importun. Quelle que soit votre décision, ce sera celle de la justice, et je regarderai comme une faveur la peine que vous voudriez bien prendre de m'en instruire ‘.

MaARaT.

1. En tête de cette lettre, le destinataire a écrit ces mots : « A terminer très promptement de la manière la plus favorable. » D'autre part, une réponse se trouve jointe à la pétition faite au nom de Marat sur le même sujet, et cette réponse est nettement défavorable. Il ne semble donc pas que Marat ait eu gain de cause.