La France sous le Consulat

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en grand détail de l’opinion de l’armée sur une mesure de cette nature. Vous sentez que je n'y serais porté que dans le seul but de l'intérêt de la nation, car le peuple français m'a fait si grand et si puissant que je ne puis plus rien désirer”, »

Le Conseil d'Etat fut d’abord consulté sur le vœu du Sénat, dans lequel le mot d'empire n'était pas prononcé : quatre séances n'aboutirent à aucune décision. La tribun Curée déposa alors au Tribunat une motion d'ordre (28 avril 1804), demandant que le gouvernement de la République française fût confié à Napoléon Bonaparte avec le titre d'empereur et que la dignité impériale fût héréditaire dans sa famille.Les tribuns firent assaut d’empressement pour effacer les souvenirs de l’ancienne opposition du Tribunat.Dix-neuf discours furent prononcés en faveur de l'empire. Carnot déclara qu'il voterait contre l'Empire pour la même raison qu'il avait voté contre le Consulat à vie, sans animosité personnelle, mais parce qu'à son avis les abus du despotisme étaient plus funestes pour les nalions que ceux de la liberté, et qu'on n'avait créé aucune institution capable de refréner un despotisme d'autant plus dangereux qu'il était appuyé sur des succès militaires.

Le Sénat fut saisi de la proposition du Tribunat. Auparavant, un message lui avait fait connaitre la réponse du Premier Consul à son adresse du 27 mars : » Je vous invite, disait celui-ci, à me faire connaître votre pensée tout entière. Le peuple français n'a rien à ajouter aux honneurs et à la gloire dont il m'a environné: mais le devoir le plus sacré pour moi, comme le plus cher à mon cœur, est d'assurer à ses enfants les avantages qu'il à acquis par cette révolution qui lui a tant coûté, surtout par le sacrifice de ce million de braves morts pour la défense de ses droits. Je désire que nous puissions lui dire, le 14 juillet de cette année : € I y

4. Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer. Saint-Cloud, 14 avril 180%. Correspondance, tome IX.