La France sous le Consulat

208 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

pêle-mêle d’agioteurs véreux, de fournisseurs enrichis, de généraux et de chevaliers d'industrie, d'émigrés et de patriotes, de femmes galantes et de femmes de l’ancienne noblesse, jouissait bruyamment de sa richesse récente lorsque le coup d'Etat du 18 brumaire renversa le Directoire. L'établissement d’un pouvoir fort, capable d’assurer la sécurité individuelle et la propriété, a eu sur la société une influence analogue à celle qu'il a exercée sur l'administration, les finances, l'industrie, le commerce. Sous le Consulat, l’ancienne société n'étant plus proscrite et perséculée s’est en partie reconstituée, la société du Directoire s’est transformée : du rapprochement de ces deux sociétés est née une société qui est l’origine de la société française contemporaine. Le signe le plus frappant de la reconstitution de la société en France au commencement de ce siècle, c’est la réouverture des salons de Paris. Sous la Terreur, on s'était caché ou renfermé chez soi. Sous le Directoire, où l’on peut cependant noter l'ouverture des salons de M*° Haïnguerlot, femme d’un riche banquier, de M*° Devaines, femme d’un ancien receveur de finances, de M*° Hamelin, femme d’un fournisseur des armées, on avait vécu dehors, au restaurant, dans les bals publics et les jardins d'été, au théâtre, dans les cafés. Sous le Consulat, la rentrée en foule des émigrés, la création d'un nombreux personnel de fonctionnaires, l’afflux des étrangers à Paris après la paix de Lunéville et d'Amiens, multiplient les salons où l’on représente, où l’on intrigue, où l’on cause, où l’on s'amuse.

De 1800 à 180%, le salon du premier magistrat de la République est devenu peu à peu la cour d'un souverain. Le palais des Tuileries, où Bonaparte vint s'installer avec les deux autres Consuls le 19 février 1800, eut d'abord l’aspect militaire de la résidence d’un général chef du gouvernement. L’'ameublement étaitluxueux et élégant. L’audience