La France sous le Consulat

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ans « le repos était rendu à l'humanité‘ ». Le soulagement n'était pas moindre en Angleterre qu’en France : le peuple de Londres dételait les chevaux de la voiture de notre ambassadeur pour le trainer en triomphe.

A cette paix glorieuse, dont quelques politiques pénétrants pouvaient seuls apercevoir la fragilité, s'ajoutaient chaque jour de nouveaux bienfaits. Aux mesures de réparation, succédaient les vastes desseins, les longues entreprises. Parmi ces œuvres, qui seront l’objet d’une étude spéciale, il en est une qui doit être mentionnée en même temps que la paix de Lunéville et d'Amiens, c’est le Concordat, conclu le 14 juillet 1801 entre la République française et le Saint-Siège, et mis en vigueur le 8 avril 1802. Quelles que soient les résistances qu'il rencontra à son origine et les critiques qu'on est fondé à lui adresser, il faut reconnaître que cet acte fut reçu avec joie par la majorité des Français et qu'il pacifia les consciences comme les traités précédents avaient pacifié le continent.

Les changements accomplis en si peu de temps dans la situation intérieure et extérieure de la France, eurent pour premier résultat, non seulement l'enthousiasme général et grandissant pour leur auteur, mais encore, si l’on peut ainsi parler, l'abandon progressif et comme la démission de la volonté nationale entre ses mains. Par un de ces revirements qui sont dans son tempérament, la France se montra alors aussi ardemment éprise d'autorité qu’elle s'était auparavant montrée jalouse de liberté; après le despotisme de la Convention et l'anarchie du Directoire, ellese préciptaspontanément sous le joug de Bonaparte, de même qu'après les guerres de religion elle s'était précipitée sous celui de HenriIV, après les troubles de la régence de Marie de Médicis sous celui de Richelieu, après la Fronde sous celui de Louis XIV. Dans sa soif

4. Proclamalion à l'occasion des préliminaires de Londres, 9 novembre 1801. Correspondance de Napoléon, tome VIT.