La France sous le Consulat

16 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

CHAPITRE IV

LE PASSAGE DU CONSULAT À L'EMPIRE

La rupture de la paix d'Amiens. — La guerre avec l'Angleterre. — La conspiration de Georges. — L'arrestation de Moreau. — Le duc d'Enghien. — L'établissement de l’Empire.

Ces espérances ne devaient pas tarder à être démenties. La paix d'Amiens ne dura guère plus d’une année. La reprise de la guerre avec l'Angleterre fut l’origine, au dehors d'une nouvelle coalition des puissances continentales contre la France, au dedans de nouveaux changements dans la constitution. C’est cette dernière transformation du consulat qu'il nous reste à décrire.

Le traité d'Amiens n'avait été et ne pouvait être qu'une trêve, étant donnée la situation des deux nations rivales. L'aristocratie qui gouvernait l'Angleterre avait accepté la paix pour accorder une satisfaction à l'opinion et aux besoins populaires, mais à regret et contrainte par la nécessité. L'acquisition des îles de la Trinité et de Ceylan était peu de chose, à ses yeux, au prix de dix ans d'une lutte acharnée, d’une dette de quatorze milliards, des agrandissements de la France etdes avantages commerciaux que la paix assurait à la République. La guerre contre la République francaise, commencée en 1793 et terminée en 1802, avait été une entreprise luerative pour les armateurs et les industriels anglais qu’elle enrichissait en supprimant toute concurrence. « L'Angleterre, observe l'historien anglais Green ’, était à

4. Hisloire du peuple anglais, traduction Monod, tome II, p. 403.