"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VI.

Il y a à faire une remarque avant d’entrer dans notre sujet. Cet élément surnaturel et effrayant ne fut pas incorporé par hasard dans la Guzla. Tout en apportant une couleur folklorique nécessaire, il concordait si bien avec le goût régnant en ce temps, que nous devons nécessairement rattacher ces ballades à leurvraie source, I 1 HISTORIQUE DU VAMPIRISME Selon une superstition populaire répandue non seulement chez les peuples slaves, comme on le veut quelquefois, mais aussi chez les Roumains, les Albanais, les Grecs modernes, les Allemands, les Anglais, les Irlandais 1 , les vampires sont des morts qui sortent de leur tombeau pour venir sucer le sang des vivants pendant la nuit. On ne peut, d’après la tradition, s’en débarrasser qu’en les exhumant pour leur percer le cœur avec un pieu, leur couper la tête et les brûler. Le nom de vampire, quoique d’origine incertaine L passa, vers 1730, de la langue serbe dans toutes les langues européennes, même dans celles où la chose était déjà connue et n’avait besoin que d’un nom, comme l’anglais et l’allemand. On avait parlé, il est vrai, à plusieurs reprises, avant 1730, des w/Hors" polonais 3 ,

’ Alfred Fellows, The Vampire Legend, dans The Occult Review, ler1 er septembre 1908, p. 125. 2 Probablement emprunté au turc septentrional iiber, sorcier. (Miklosich, Etymologisches Wôrterbuch der slavischen Sprachen, Vienne, 1886, p. 374 et suiv.). En serbe vampir ; en polonais upior. 3 Le Mercure galant, mai 1693, février 1694, citépar M. Stefan Hock dans son étude très documentée : Die Yampyrsage und ihre Verwertung in der deutschen Literatur, Berlin, 1900, pp. 33-34.