"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

LA BALLADE DE L’ÉPOUSE d’ASAN-AGA.

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3° Traduction de Charles Nodier, à la suite de Smarra ou les démons de la nuit, Paris, 1821, pp. 181-199 : « La Femme d’Àsan. » Nous avons déjà parlé de cette traduction. Quelle blancheur éblouissante éclate au loin sur la verdure immense des plaines et des bocages ? Est-ce la neige ou le cygne, ce brillant oiseau des fleuves qui l’efface en blancheur? Mais les neiges ont disparu, mais le cygne a repris son vol vers les froides régions du nord. Ce n’est ni la neige, ni le cygne ; c’est le pavillon d’Asan, du brave Asan qui est douloureusement blessé, et qui pleure de sa colère encore plus que de sa blessure. Car voici ce qui est arrivé. Sa mère et sa sœur l’ont visité dans sa tente, et son épouse qui les avait suivies, retenue par la pudeur du devoir, s’est arrêtée au dehors parce qu’il ne l’avait point mandée vers lui. C’est ce qui cause la peine d’Asan. 4° Traduction de M me Ernesline Panckoucke, dans les Poésies de Goethe, Paris, 1825 : « Complainte de la noble femme d’Azan Aga. Traduite du slave. » Qu'aperçoit-on de blanc dans cette vaste forêt ? est-ce de la neige, ousont-ce des cygnes? Si c’était de la neige, elle serait fondue ; si c’étaient des cygnes, ils s’envoleraient. Ce n’est pas de la neige, ce ne sont pas des cygnes, c’est l’éclat des tentes du fier Azan Aga. Sous l’une d’elles il est couché, dompté par ses blessures ; sa mère et sa sœur viennent le visiter souvent. Sa femme, retenue par une timidité excessive, tarde à se rendre près de lui. 5° Traduction de Prosper Mérimée, dans la Guzla, Paris et Strasbourg, 1827, pp. 251-255 : « Triste ballade de la noble épouse d’Asan-Aga. » Nous nous occuperons plus longuement de cette traduction. Qu’y a-t-il de blanc sur ces collines verdoyantes ? Sont-ce des neiges? sonl-ce des cygnes? Des neiges? elles seraient fondues. Des cygnes ? ils se seraient envolés. Ce ne sont point des neiges, ce ne sont point des cygnes : ce sont les tentes de l’aga Asan-Aga. Il se lamente de ses blessures cruelles. Pour le soigner, sont venues et sa mère et sa sœur ; sa femme, retenue par la timidité, n’est point auprès de lui.