"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE PREMIER.

était le seul pays serbo-croate qui prospérât pendant cette époque, la plus triste de l’histoire des peuples balkaniques. Tandis qu’une barbarie quasi absolue régnait à ses portes mêmes, Raguse possédait une société policée et une littérature florissante, formées surtout à l’école de l’ltalie. Les relations entre les Ragusains et le gouvernement français étaient assez intimes, et même pendant un certain temps leurs vaisseaux trafiquèrent sous la protection du pavillon français, comme nous le montrent les documents conservés à la Bibliothèque nationale, au Ministère des Affaires étrangères et aux Archives nationales, documents publiés depuis par M. Iv. Krst. Svrljuga 1 et par M. V. Jelavic 2 . Leur littérature même ne resta pas inaccessible aux œuvres françaises ; les adaptations de Molière, faites à Raguse, surtout dans la première moitié du xvin e siècle, sont nombreuses 3 . Mais la petite république adriatique ne devint jamais populaire en France. L’opinion qu’on y avait sur les « Raguzois » n’était pas très flatteuse pour eux :on les accusait de mener une politique équivoque, et on ne les aimait pas parce qu’ils étaient les concurrents redoutables du commerce français dans le Levant 4 . En 1667, les Ragusains ayant demandé l’assistance pécuniaire des princes catholiques pour rétablir les dommages causés par le grand tremblement de terre, Louis XIV

traverser les rues avec des estayes pour en appuyer les maisons. » {Voyage du sieur Du Loir, Paris, 1654.) Ces deux ouvrages manquent dans la bibliographie de M. Pétrovitch. 1 Starine de l’Académie Sud-Slave, t. XIV, Agram, 1883, pp. 58-82, - Glasnik du Musée « provincial » bosniaque, t. XVI, Sarayévo, 1904. 3 Cf. Louis Leger, Molière à Raguse, dans la Revue d'histoire littéraire, juillet-septembre 1908. 4 Bibl. nat. Mss. fonds fr., dossier Raguse.