"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE IX.

I 2 GOETHE ET « LA GUZLA » Goethe, qui avaitloujours porté beaucoup d’intérêt aux choses de France, en manifesta toutparticulièrement pendant la dernière période de sa longue vie. La littérature de son pays suivant une voie qu’il jugeait mauvaise, il préférait s’occuper soit de soit de l’étranger et surtout de la France. La politique, la science et l’art français étaient alors sa grande préoccupation ; mais ce qu'il suivait avec le plus d’attention et de sympathie, c’étaient les débuts de la nouvelle école littéraire, lalutte des romantiques de la Muse française et du Globe, avec les classiques de l’Académie. Personne à l’étranger ne connaissait mieux que le patriarche de Weimar le mouvement littéraire de la Restauration. Avec une joie sincère il voyait la France « se relever de ses ruines, se consoler de ses malheurs par la gloire des lettres et reconquérir dans le domaine de l’esprit la suprématie qu’elle avait perdue dans l’ordre politique 1 ». Le grand homme, on le sait, avait tort de « rester trop chez lui » et Sainte-Beuve a justement remarqué qu’il aurait eu une influence plus considérable en France s’il avait daigné y venir passer « six mois, en 1786 ». Mais si ce manque d’ambition personnelle retarda le succès du Faust, il ne paraît pas qu’il influa sensiblement sur l’Olympien. De tous côtés, d’aimables informaleurs satisfaisaient sa curiosité universelle. C’est ainsi qu’en 1826, les rédacteurs du Globe cru-

1 A. Mézières, Goethe, Paris, 1874, t. 11, p. 295.