"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».

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qualclie cantore, il quale accompagnandosi cou uno stromento detto guzla, che à una sola corda composta di molti crini di cavallo, si fa ascoltare ripetendo, e spesso impasticciando di nuovo le veccliie pisme o canzoni l . » Dans ce chapitre il inséra un poème « morlaque », la Triste ballade de la noble épouse d’Asan-Aga (« Xalostna Piesanza plemenite Asan-Aghinize ») avec, en regard, une traduction en vers italiens (« Canzone dolente délia nobile sposa d’Asan Aga 2 »). Nous ne savons pas de qui Fortis avait obtenu le manuscrit de cette pièce, car, non seulement elle était inédite à celte époque, mais avait des chances de le demeurer toujours sans son initiative : en effet, aucun collectionneur n'a pu l’entendre réciter 3 . Notons avec la plus grande réserve l’assertion de Hughes Pouqueville dans son Voyage de la Grèce : Cette pièce (Triste ballade') avait été communiquée à l’abbé Fortis par M. Bruère qui a laissé une grande quantité de poésies slaves inédites qu’il avait recueillies et traduites 4 . M. Bruère, qui a laissé une quantité de poésies slaves, est Bruère-Dérivaux fils (Marko Bruerovic) dont nous avons déjà dit quelques mots 5 . Né vers 1770, il n’avait que deux ou trois ans à l’époque des voyages de Fortis ; il n’a donc pas pu lui fournir le texte en question. Quant à Bruère-Dérivaux père, qui n’a pas laissé de poésies

1 Viaggio, t. I, p. 88. - Viaggio, t. I, pp. 98-105. 3 Charles Nodier se moque agréablement de son lecteur quand il prétend avoir « recueilli de la bouche des Dalmates » la version qu’il en a donnée dans Smarra (1821). 4 F.-C.-H.-L. Pouqueville, Voyage dans la Grèce, 2* édition, Paris, 1826, t. 111, p. 135. 5 Cf. ci-dessus, p. 25.