"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN FRANCE.

399

Dans la lettre suivante (22 mars) il envoie deux nouvelles pièces et le double croquis de la guzla, « croquis, dit M. Tourneux en le reproduisant 1 , que sa sécheresse et sa précision permettent de restituer sans hésiter à Mérimée ». Ce ne fut là qu’un projet d’embellissement sans doute, parce identique figure déjà sur le portrait d’Hyacinthe Maglanovich, qui sera adopté définitivement, et dont il n’estquestion, suivant M. Tourneux, que dans une troisième lettre, sans date celle-là. Comme nous l’avons déjà dit 2 , ce dessin représente, bien l’instrument serbo-croate; quoiqu’un peu trop long, il ne lui manque rien d’essentiel. Pendant ce temps, l’exécution matérielle de l’ouvrage avançait, à Strasbourg ; mais le livre ne put paraître en mai, « époque des provisions de campagne», comme le désirait l’auteur. Il ne sortit des presses que vers la fin de juillet et fut enregistré dans la Bibliographie de la France du 4 août 1827 3 . Au moment de la publication, le libraire, à ce qu’il semble, ne prit aucun soin de le faire remarquer au moyen des annonces payées qui étaient fort en pratique déjà en ce temps-là : nous eûmes beau feuilleter les collections poudreuses des journaux de l’époque : la maison F.-G. Levrault ne figure pas dans les courtes réclames entremêlées aux dernières nouvelles de la

1 L'Age du Romantisme, 5' livraison, p. 9. 2 Cf. ci-dessus, pp. 233-234. 3 La Guzla, ou choix de poésies illyriques, recueillies dans la Dalmatie, la Bosnie, la Croatie et l’Herzegowine. A Paris, chez F.-G. Levrault, rue de la Harpe, n° 81 ;et rue des Juifs, n" 32, à Strasbourg [et chez Mongie, à Paris, boulevard des Italiens, n" 10 ; cf. le Nouveau Journal de Paris du 27 août 1827], 1827, pp. xii (fauxtitre, titre, table des matières et préface) et pp. 257, in-12. Prix 4 francs. M. Gustave Lanson a tort de dater la Guzla : 1826. (Voir son Histoire de la littérature française, 9° édition, Paris, 1906, p. 995.)