"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE VIII.

Guzla comme une production littéraire et considérait la façon dont elle fut présentée comme la chose la plus naturelle du monde. « Le petit recueil, disait-il, que nous annonçons, est peut-être une gageure : les Auteurs l'ont gagnée, s’ils n’ont voulu que faire preuve de talent. Il en faut beaucoup pour fabriquer un livre si bien empreint des couleurs locales, que les naturels mêmes du pays y seraient trompés ; c’est comme une histoire vivante de ces peuples à peu près inconnus qui forment la chaîne entre le grec et l’allemand. La Guzla vous fera connaître les moeurs, les costumes, les traditions, les superstitions de ces peuples, aussi bien qu’aurait pu faire un long séjour parmi eux. Sous ce rapport, le livre est à la fois amusant et instructif, et l’auteur ou les auteurs auraient arboré ïutile dulci., que nous ne les chicanerions point sur l’épigraphe. Nous nous montrerions plus sévères s’ils avaient eu le projet de nous offrir pour modèles ces produits ou ces imitations d’une muse barbare, et que la Guzla fût un nouveau brandon lancé contre les monuments immortels du goût. « On parle d’amour dans ces poésies ; mais quel amour! je ne trouve ni suavité dans ses épanchements, ni tendresse dans ses douleurs, ni délicatesse dans ses dépits. C’est l’amour des sauvages, sensuel jusqu’à la débauche ou furieux jusqu’à la cruauté. Ou plutôt amour, ambition, vengeance, tout présente un même aspect, tout porte un même caractère ; on dirait d’une seule passion. Il n’y a que deux états en effet pour l’âme du sauvage, le repos, qui est de l’apathie; le mouvement, qui est de la fureur ou de la terreur. « Nous excepterons pourtant deux petites pièces : Vlmpromptu du vieux Morlaque et le Morlaquè à Venise. Il règne dans la seconde une mélancolie douce et vraiment poétique, et qui décèle un grand fonds de