"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN ALLEMAGNE.

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serbes. Gerhard s’était assimilé une foule d’expressions : des épithètes homériques, des répétitions fréquentes, enfin, certains autres procédés de l’improvisateur serbe. Il avait appris chez les traducteurs qui l’avaient précédé, particulièrement chez M lle von Jakob, à manier « le vers de l’original », c’est-à-dire l’octosyllabe des courtes pièces lyriques et surtout le mètre des piesmas héroïques, décasyllabe sans rime composé de cinq trochées, divisé par une césure après le deuxième trochée ou quatrième pied. Donc, s’il ignorait, le malheureux, bien des choses sur la poésie serbe, il avait, naturellement, droit de se croire expert en « rythmes serbiens » et pouvait penser se connaître aux signes extérieurs de celte poésie, qui font complètement défaut dans la prose de Mérimée. Du reste, c’est ce qu’il nous dit dans sa modeste préface 1 . Ainsi, il ne s’est pas vanté dans sa traduction d’avoir « découvert le mètre original sous la prose française », comme le veut Mérimée et comme on ne le répète que trop. Il a simplement fait bénéficier les poèmes du recueil de la pratique qu’il avait acquise en traduisant les véritables chants serbes. On pourra le voir dans cette ballade, dont nous avons déjà cité l’original. Die tapfern Hajduken. Tief in einer Hôhl’ auf spitzen Kieseln Liegt der tapfre Râuber Kristitsch Mladen, An des Râubers Kristitsch Mladen Selle Seine-Frau, die schône Katherine, Ihm zu Füssen beyde wackre Sôhne. Schon drey Tage sind sie in der Hoirie, « Vertraut mit dem Periodenbau serbischer Rhythmik, ward ihm [au traducteur] die Arbeit leicht, ûnd so gab er sie [la CwzZa] als Anhang zu dem 2ten Bande gegenwartiger Sammlung », etc. Wila, t. I, p. XII. 29