"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN ALLEMAGNE.

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Zelin der Kugeln in die Brust empfangen. Feinde hieben ihnen ab die Kôpfe ; Aber wiê sie im Triumph sie trugen, Wagten sie sie kaum noch anzuschauen, Also fürchteten sie Kristitsçh Mladen Und des Kristitsçh Mladen wackre Sôhne 1 . On remarque dans celte traduction, d’abord, le décasyllabe, « vers de l'original », dans lequel M. Gerhard avait déjà traduit la plus grande partie des ballades authentiques serbes qui composent la MVÆz, comme on le verra d’après l’exemple suivant : Lieber Gott, dir werde Dank für Ailes ! Welch ein Mann war Delibascha Marko Und wie siehet heut’ er ans im Kerker In der Asakburg verdammten Kerker 2 ! Ensuite, on y trouve le procédé très usité par les guzlars, procédé que Mérimée ne paraît pas avoir connu et que M. Auguste Dozon a su si bien conserver dans sa traduction des chants serbes en prose française, à savoir la répétition très fréquente de mots, d’expressions, quelquefois de vers entiers : Mes fils, mes faucons... ne trahissez pas un seul de vos compagnons, ni les receleurs chez qui nous avons hiverné, hiverné et laissé nos richesses ; ne trahissez point les jeunes tavernières chez qui nous avons bu du vin vermeil, bu du vin en cachette 3 . Quand on improvise, comme le guzlar serbe, et quand on a besoin de dix syllabes, ce moyen est des plus avantageux. M. Gerhard le connaissait et le pratiquait en traduisant les chants du recueil de Karadjitch. Voici quelques exemples :

1 Wila, t. 11, pp. 114-116. Cf. 'plus haut, pp. 276-278. 2 Wila, t. I, p. 195. 3 Cf. plus haut, p. 280.