"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN ALLEMAGNE.

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rent devoir rendre hommage au vieux poète et lui envoyèrent la collection de leur journal. Goethe en eut beaucoup dé plaisir. « Tous les soirs, écrivait-il au comte Reinhard (27 février 1826), je consacre quelques heures à la lecture des anciens numéros ; je note, je souligne, j’extrais, je traduis. Cette lecture m’ouvre une curieuse perspective sur l’état de la littérature française, et, comme tout se tient, sur la vie et sur les mœurs de la France 1 . » Dès qu’il arrivait de Paris quelque visiteur, Goethe demandait des renseignements « sur les hommes d’État, les littérateurs et les poètes célèbres » : Chateaubriand, Guizot, Salvandy, Alfred de Vigny, Mérimée, Victor Hugo, Émile Deschamps. Si Lamartine n’est pas au nombre des favoris del’auteur de Werther, Béranger en est l’un des premiers 2 . Goethe aimait à parler de la littérature française; il trouvait un jour qu’elle ne manque pas de « talents ordinaires » qui sont, d’après lui, « emprisonnés dans leur temps et se nourrissent des éléments qu’il renferme » ; Eckermann osa poser une question : pièces de Clara Gazul ?» ont leur base en eux-mêmes et qui se maintiennent indépendants de la manière de penser du jour 3 . » Au mois de mars 1827, A. de Humboldt, revenant de

1 En vérité, plusieurs des articles du Globe, traduits par Goethe, furent publiés dans sa revue Art et Antiquité. Il vantait également à son « Adèle Eckermann » la publication française : « Je mets le Globe parmi les journaux les plus intéressants, et je ne pourrais pas m'en passer. (Eckermann, Conversations de Goethe, jeudi 1" juin 1826.) - J. B. Segall, An Estimate of Béranger by Goethe, dans Modem Language Notes, 1899, col. 412-425. 3 Conversations de Goethe, 21 janvier 1827.