La patrie Serbe
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s'ouvrir pour sa race, malgré l'adversité présente. Il connaissait la vigueur de la jeune sève qui bourgeonne ei bientôt sera victorieuse de l'hiver. À mesure qu'il les frôlait, les énergies affaiblies se fortifiaient. Les moribonds, déjà touchés par la mort, se mettaient Gebout et repoussaient la mort. Une chaleur vivifiante ranima les corps débiles. Une raie de soleil traversa la voûte plombée et se posa sur l'officier; deux traits d'or brillèrent sur ses épaules; les frois couleurs peintés sur l’écusson de sa coïffure s'éclairèrent à cette lumière. Le cortège spectral devint une escorte d'êtres vibrants. L'Ame dela nation serbe,le Roi Pierre passait lentement, répandant le courage, la vie, la foi, l'amour. Mais lorsque cette vision sublime disparaissait, un morne ef perpétuel crépuscule tombait: un crépuscule venv dela lourde coupole, de l'obscurité des ravins. des tentures immatérielles qui avançaient si on avançait, qui recnlaient si on reculait ef se mainfenaient toujours à égale distance. Dans cette symphonie de gris où tout était gris, le ciel, le brouillard, mème le suaire de neise. les Serbes continuaient leur randonnée, alanguis par une fatigue sans bornes.-Constamment un homme. les bras ballants, la tête prise d'un mouvement de roulis se laissait choir, C'était fini pour lui. Quelquesuns, assis examinaient leurs pieds nus dont la chair s'écaillait ; un cflort les redressait: Ils traçaient de sanglantes marques sur la neige. Le gris perpétuel se fonçait davantage. atmosphère s'alourdissait encore. On était écrasé, on n'avait même plus faim tant les estomacs resserrés étaient habitués à la privation; seulement chaque pas devenait plus pénible. On avait l'impression d'être entré dans l'éternité et le cerveau n'enregistrait plus ni sensations, ni images; à peine s'il permettait d’entrevoir des scènes changeantes. Des idées à