La patrie Serbe

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LA PATRIE SERBE 245.

avaient ainsi massacré quelques fugitifs, ils profitaient de lombre pour les voler. Ges montagnes étaient mysiérieuses, énervañtes. le cri percant des Albanais se répercutait dans le/granit. L’eau suintait des parois, coulait des cavernes. Une prairie s’étendait attristée par des tombes, entre lesquelles on cherchait à allumer lun feu pour faire bouillir des herbes avant de les dévorer. Près d'une source gisaient plusieurs soldats morts, les yeux crevés par les corbeaux

Les Albanais prenaient des prisonniers, les déchi- |

raient de coups de couteaux ou les laissaient repartir sans un vêtement. Comme dans la traversée de LioumKoula il fallut franchir des montagnes, parcourir des paysages de crèches ornés de sapins craquant sous leur chargement de cristaux et de ouate. Le soleil pailletait l'aveuglante blancheur et lophtalmie rougissait les paupières. Le col du Tchakor atteignait 2.000 mètres d'altitude, Le désertonduleux et blanc se déroula, un désert dont les cimés des montagnes faisaient songer à des dunes. Très loin, dans la disfance;Jes fugitifs dessinaient de petites trainées noires ; on avait peine d'abord à reconnaître des hommes tant cela ressemblait à des processions de fourmis. A Ja purebeauté des névès inondés de rayons, à l’enchantement des crépuscules versant sur les neiges des pluies de roses, succéda la tourmente, De nouveau la bourrasqne bouscula les gens, les projetant contre les roches hérissées d'aspérités. Les violentes averses battaient les Sorges.

Après les gorges il y eut des escalades parmi les éboulis, des cols taïllés entre les murailles ardoisées, des sentiers surplombant des torrents, cb des crevasses cachées sous la neige. Les vagabonds perdus au sein des brouillards pressenfaient à chaque pas un abime. Plus que jamais le froid, la faim, la mort, régnèrenbt,