La patrie Serbe
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n'ait pas journellement pensé à préparer sur son passage litet table. De pareïlles mentalités sirritent d'avoir
souffert; au lieu de s’exalter dans la douleur univer? ps
selle, infiniment pire que la leur, car ils comptaient parmi les privilégiés, ces corps sans âme, s’aigrirent contre leurs camarades de misère. Revenus dans le farniente de leur’tranquille demeure, installés sur la mollesse de leurs sièges capitonnés, ils ne songèrent qu'avec horreur au cauchemar enduré ef laissèrent tomber de leur plume des pages regrettables. Ces pages ne font de tort qu'à leur science d’historien, mais quelques badauds,— il y en a tant ici-bas — après avoir feuilleté ces pages malheureuses, croient connaître à fond la retraite, ot ne donnent au peuple martyr qu'une pensée empreinte d'ignorance et de parti pris.
D'autres écrivains plus lucides vibrèrent à Po Malgré cela ils ne vécurent pas la réalité intégrale, Ils virent dé grandes abominations, ils n’en virent que les moindres, parce qu’ils s'évadèrent toujours parmi les premiers, Ils parlent de routes jalonnées de cadavres. d'infortunés tombant morts de faim. Ils ne virent que les corps dépouillés des avanf-gardes. Si, près d'eux, un homme périssait d’épuisement, derrière eux, dix, vingt, cent moribonds s’écrouiaient en même temps.
Nous ne trouvons donc rien, ou fort peu de chose, au sujet du séjour que lirent les malheureux Serbes sur la plage. Nous pourrions d'après ce silence penser qu'Alessi fut la dernière statioa de leur calvaire et qu'ils furent rapidement embarqués par les soins diligents des alliés. Rien de pareil n'advint.
Les étrangers, en sortant de la froide Albanie, furent immédiatement rapatriés. Le monde doit connaître l'abandon cruel dans lequel agonisèrent tant de Serbes,
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