La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

RAPPORT DE GALLOIS ET GENSONNÉ 193

chez eux, excédés de fatigue, les cinq où six personnes qui trouvent à leur portée le prêtre de leur : choix ; ils considèrent avec envie et traitent avec dureté, souvent même avec violence, des hommes qui leur paraissent avoir un privilège exclusif en matière de religion. La comparaison qu'ils font entre la facilité qu'ils avaient autrefois de trouver à côté d'eux des prêtres qui avaient leur confiance, et l'embarras, la fatigue et la perte de temps qu'occasionnent ces courses répétées, diminue beaucoup leur attachement pour la Constitution, à qui ils attribuent tous ces désagréments de leur situation nouvelle.

C'est à cette cause générale, plus active peut-être en ce moment que la provocation secrète des prêtres non assermentés, que nous croyons devoir attribuer surtout l’état de discorde intérieure où nous avons trouvé la plus grande partie des paroisses desservies par les prêtres assermentés.

On sera surpris sans doute que les prêtres non assermentés qui demeurent dans leurs anciennes paroisses ne profitent pas de la liberté que leur donne la loi d'aller dire la messe dans l'Eglise desservie par le nouveau curé, et ne s'empressent pas, en usant de cette faculté, d’épargner à leurs anciens paroissiens, à des hommes qui leur sont restés attachés, la perte de temps et les embarras de ces courses nombreuses et forcées. Pour expliquer cette conduite en apparence si extraordinaire, il importe de se rappeler qu’une des choses qui ont été le plus fortement recommandées aux prêtres non assermentés par les hommes habiles qui ont dirigé cette grande entreprise de religion, est de s'abstenir de toute communication avec les prêtres qu'ils appellent intrus ou usurpateurs, de peur que le peuple, qui n’est frappé que par des signes sensibles, ne s’habituât enfin à ne voir aucune différence entre des prêtres