La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

202 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

Vergniaud expose ensuite à grands traits l’histoire à travers les âges des actes de l’état civil, et arrivant aux temps modernes, il s’écrie :

« Lorsque la raison a commencé à luire, l’esprit de routine a fait maintenir longtemps ce que la nécessité avait introduit ; aussi l’ambition sacerdotale, tantôt insolente, tantôt astucieuse, mais toujours active, trouva les moyens de s'emparer de l’homme, dès l'instant où la nature l'appelle à la vie et de le dominer dans tous les points de son existence..…… Mais que parlai-je de prêtres, de leurs droits dautorité spirituelle ? Que peuvent avoir de commun telle ou telle opinion religieuse et l’état civil des citoyens ; les principes de la politique céleste et ceux de la politique humaine ; des dogmes qui n’ont que le ciel pour objet, et le gouvernement des Empires ?

Dans le choix des moyens de félicité publique, la Société n’est point tenue de consulter la bizarrerie ou la sagesse des divers cultes religieux, Chaque l'individu, dans sa croyance, doit être indépendant de la Société, ou bien le gouvernement est tyrannique. Toute société, dans son administration, doit être indépendante de toutes les croyances religieuses, où elle n’a plus de gouvernement, elle est livrée au fanatisme ou à l’anarchie, L’individu qui sert la société n’est pour elle ni chrétien, ni juif, ni musulman, il est citoyen, et ce titre seul impose à la Société le droit de le faire jouir de tous les avantages de l'association, et conséquemment de l’état civil qui est la plus importante des propriétés sociales. Lt

L’évidence de ces principes est frappante: par quelle étrange fatalité est-il donc arrivé qu'on avait voulu vous faire entendre que la raison des Français