La Princesse de Beira et la police autrichienne
10 COMMANDANT WEIL
ici et à Milan et que le comte d’Alcudia (1) avait eu l’occasion de recommander à la Princesse. Comme il a laissé son fils à Salzbourg à la place du prince des Asturies, ce jeune homme demande maintenant un passeport autrichien, motif pour lequel il ne lui en à fait donner un que pour Milan où les autorités ont l’ordre de s'entendre avec le Consul du roi et les autorités du Royaume pour lui faire franchir notre frontière.
En attendant, le Ministre de la Police voulait destituer le malheureux subalterne qui lui a faitinnocemment tant de faux rapports pendant l'absence du Commissaire; mais le prince Chancelier l'en a empêché, lui faisant observer que la police de Salzbourg était chargée au besoin de protéger la famille Royale d’Espagne, mais nullement d'établir une inquisition dans son intérieur et que sa conduite, au contraire, Jui faisait honneur, puisqu'elle prouvait qu’il n'avait pas dépassé ses attributions ».
Enfin, c’est encore au « Carfeggio du comte de Sambuy « que j'ai emprunté ces quelques lignes qui serviront d’épilogue à l’équipée de la princesse de Beïra :
« Quoiqu’on ne sache pas encore à quelle époque cela pourra avoir lieu, lit-on un peu plus tard dans sa dépêche en date du 25 novembre 1839, c’est toujours à Salzbourg que l’on attend don Carlos et son Auguste Epouse (2). Il paraît que cela éprouvera encore bien des retards, puisqu'on m’assure que Louis-Philippe promit à l'Angleterre et au Gouvernement de Madrid de les retenir Jusqu'à ce que l'Espagne soit complètement pacifiée, ce qui pourrait bien amener un délai indéfini, contrairement aux assurances qu’il donne d’un côté, qu’il ne désire rien tant que de les éloigner de France et qu’il fait tout son possible pour
atteindre ce but... »
Un peu plus loin, dans la partie chiffrée de sa dépêche, Sambuy ne peut, heureusement pour nous, s’abstenir de porter sur la princesse de Beïra, un jugement plus sévère, mais aussi plus juste, que celui que le
princesse de Beïra de Salzbourg en Espagne. Comme M. de Formont le mandera au comte Molé, de Livourne, le 15 mars 1839, comme Bellocq le confirmera de Florence. quinze jours plus tard: « M. le comte de Custine, qui s'est rendu célèbre par l'enlèvement de « Madarne la Princesse de Beïra à Salzbourg, a paru à Lucques. où il est demeuré plu« sieurs jours dans une attitude mystérieuse et comme s'il attendait quelque personne » où quelque avertissement » (Toscane, volume 175, folios 125 et 130. Direction politique, n° 18 et 318).
(1) Saavedra (don Antonio, comte d’Alcudia), ancien Ministre des Affaires Etrangères de Ferdinand VII, devenu aprés la mort du roi l’un des plus ardents défenseurs de don Carlos, était à ce moment l'agent diplomatique du Prétendant à la Cour d'Autriche.
(2) On sait que Don Carlos, la princesse de Beïra, l’Infant Don Sébastien et toute la Cour du Prétendant avaient passé la frentière franco-espagnole le 4 septembre 1839 et s'étaient .éfugiés sur le territoire français ainsi que le bataillon d’Alava, deux de Navarre et tout l'état-major de l'armée carliste. Les troupes du Prétendant avaient été immédiatement désarmées et le Gouvernement français assigna Bourges comme lieu de résidence à don Carlos qui ne se retira en Autriche qu’en 1847.