La question de l'Adriatique

POLE

L'Italie, qui n’a jamais pu établir une base navale vraiment forte sur sa côte orientale, ne pouvait pas voir sans beaucoup d'appréhensions une puissance rivale s'installer à Vallona, parce que cette puissance aurait pu à son gré fermer ou ouvrir les portes de l'Adriatique.

Pour l'Autriche, l'éventualité de l'installation d’une autre puissance qu'elle à Vallona étaitune perspective plus redoutable encore. Si Vallona intercepte les communications de l'Italie entre l'Adriatique el la Méditerranée, elle ne paralyse qu'une partie de son action navale, puisque l'Italie a des fenêtres sur d’autres mers, tandis que si Vallona intercepte les communications de l'Autriche avec la Méditerranée, elle bloque véritablement cette puissance dans l'Adriatique et lui interdit, en quelque sorte, toute respiration maritime.

En définitive, la question était si grave pour les deux puissances que chacune pouvait prétendre avoir un intérêt vital à ne pas permettre l'installation de l’autre sur un point aussi menaçant. Mais autant chacune d'elle redoutait que ce point tombât sous la domination de l'autre, autant elle le désirait pour elle-même. De [à une série de pourpalers qui commencèrent dès que la guerre balkanique de 1912 eût ouvert la