La question du sel pendant la Révolution

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mettre le respect, l’autorité et l'influence de vos augustes décrets, que de les mettre en opposition avec la volonté générale et fortement prononcée de six cents mille habitants d’une province. «Il a pensé qu'il est des circonstances impérieuses où le vœu universel, exprimé d'une manière terrible et menaçante, ne laisse aux administrateurs de la chose publique aucune incertitude sur le choix du parti qu’il convient de prendre; que Île seul qui pût concilier la dignité de votre décret avec la mesure prise par la province, était d’en réunir les habitants en assemblée provinciale pour les faire aviser au moyen de remplacer d’une manière avantageuse pour tous, le vide immense qu’occasionnerait au TJrésor de l'Etat la destruction consommée de la gabelle. »

Suit la proposition, au nom de toutes les villes et paroisses de l’Anjou, de remplacer la gabelle par une prestation pécuniaire à raison de 60 livres le minot, payement dont on verserait d'avance les trois premiers mois du rôle 1.

Après ce discours, chef-d'œuvre dans l’art de faire avaler des couleuvres, Fréteau ?, qui ce jour présidait l’Assemblée, reçut la requête des délégués en promettant qu’on s’en occuperait.

C’est surtout à partir du 25 octobre qu'un jeu d'intrigues commençait autour de la proposition angevine, jeu dans lequel se manifestaient surtout les antagonismes de classes, quoique plus ou moins voilés du désir de ne pas prendre une position compromettante. Voici une lettre du comte de Dieusie *, datée du 25 octobre, qui montre bien cette attitude équivoque “:

… Nous espérons qu'on se prêtera aux circonstances et qu'on acceptera l'offre de la province. On y voit insurrection, insubordination, et ceux qui connaissent le local y voient le désir de faire quelque chose, sans s'inquiéter du bien de la province.

! Un texte quelque peu différent de ce discours se trouve dans Assemblée Nationale et Commune de Paris. N° 82, du 25 octobre 1780,

? Emmanuel-Marie-Michel-Philippe Fréteau de Saint-Just, conseiller au Parlement de Paris, député de la Noblesse du baillage de Melun ; président de l'Assemblée du 10 au 27 octobre 1780.

3 Jean-Charles-Antoine Morel, comte de Dieusie, député de la Noblesse de la sénéchaussée d'Angers.

4 Duc de la Trémoïlle, o. c., p. 115.