La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA CHAMBRE DES PAIRS 271

vait être assurément la moins redoutable, si l’on songe que, par leur naissance, par leur éducation, peu enclins aux passions populaires, ils ne tenaient aucun pouvoir de l’élection, et que l’effet le plus sûr du secret où on les confinait était de les éloigner du peuple duquel il fallait au contraire les rapprocher (1).

(1) Benjamin Constant ajoutait en 1818 à ses Aéflexions sur les Constitutions… publiées en 181%, cette note :

« L'article 32 de la Charte porte que toutes les délibérations de la Chambre des pairs sont secrètes. Doit-on, comme on le fait, en conclure que les discussions le seront aussi ? Je ne le pense pas. On ne voit aucun motif pour établir cette différence entre les deux Chambres, et il me semble qu'indépendamment des raisons générales que je viens d’alléguer, plusieurs qui prennent leur source dans l’état de l'opinion, militent pour que l’on accorde à la pairie tous les moyens de s’entourer de la considération publique. Il ne faut pas se le déguiser et je démontre cette vérité ailleurs: de toutes nos institutions, la pairie héréditaire est celle qui a le plus contre elle le sentiment populaire. Toutes nos habitudes depuis vingt-cinq ans, toutes nos doctrines depuis un siècle, s'élèvent pour la repousser. Il est donc urgent de ne lui refuser aucune des chances qui peuvent l'aider à reconquérir la faveur de la nation. La France ne pardonnera aux pairs une distinction que je crois utile, mais qui blesse beaucoup de très bons esprits et un plus grand nombre d’âmes indépendantes, que si elle voit aussi des pairs parmi ses défenseurs. »

Politique constitutionnelle, &. T, p. 218.

Au reste, cette interdiction de la Charte, transgressée par les

communications aux journaux, céda peu à peu. Le procès-