La Révolution française (1789-1815)

— 120 —

forma la bourgeoisie réactionnaire dont l'avènement eut lieu avec Louis-Philippe, ainsi que les classes dirigeantes qui font le péril actuel de notre France, d'un pays si bien disposé moralement et patriotiquement, mais qui manque absolument de vues nettes pour se conduire, d’idées et de convictions positives, et ne sait pas se donner une direction conforme à ses aspirations et à ses besoins les plus fondamentaux.

D'un autre côté, dans sa politique extérieure, Bonaparte se montra comme une sorte de fou lucide, comme un aventurier parvenu, à qui l'excès de la fortune et l'abus de la toute-puissance auraient fait perdre la raison et le gouvernement de soi-même.

« Mon frère, écrivait-il à Joseph, vos proclamations ne sentent pas assez le maître. Ce n'est pas en cajolant les peuples qu’on les gagne. Mettez trente millions de contributions sur le royaume, payez bien votre armée, remontez bien votre cavalerie et vos attelages, faites faire des souliers et des habits. Tout cela ne peut se faire qu'avec de l'argent,

« L'établissement d'une imposition ne fera pas l'effet que vous imaginez; tout le monde s'y attend et la trouvera naturelle ….

« Puisque la Calabre s’est révoltée, pourquoi ne prendriez-vous pas la moitié des propriétés du pays pour les distribuer à l'armée ? Ce serait une ressource.

« Comme on assassine mes soldats, je rendrai moimême le décret par lequel je confisquerai à leur profit la moitié des revenus de la province, particuliers et pubhies.… « Votre couronne n'aurait aucune solidité si vous n’aviez autour de vous une centaine de généraux, de colonels et autres possesseurs de fiefs dans les royaumes de