La Révolution française (1789-1815)
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ques), attaquait dans son assise fondamentale un des éléments essentiels de l'ancien régime, un des ordres prépondérants les plus redoutables pour la Révolution, et le subordonnait matériellement à l'autorité civile. L'immense opération de l'affectation à l'État des biens ecclé. siastiques (plus de deux milliards), permit, en outre, d'éviter la banqueroute, et assura, au moyen des assignats, les finances du nouveau régime.
Donnant un exemple qui futsuivi par la nation presque entière, à ce moment, l'Assemblée constituante, suivant. une remarque vraie, «n'eut qu'une passion, celle de la loi (4) ». Si son œuvre politique, l'institution de la monarchie constitutionnelle, à laquelle elle assignait une éternelle durée, fut aussi éphémère, c'est qu'elle s'était profondément abusée, nous l'avons dit précédemment, sur la condition la plus essentielle de la Révolution et sur son besoin le plus fondamental etle plus imprescriptible: l'abolition de la royauté et l'avènement dela République.
C'est cette double contradiction de la proclamation de la souveraineténationale et de la conservationsimultanée de la monarchie, ainsi que de l'exclusion du peuple luimême du gouvernement de l’État par le suffrage à deux degrés, qui explique la fragilité de son œuvre.
V
Entre la Constituante et la Convention, il y a l'action intermédiaire de l'Assemblée législative, qui, en défendant le nouvel ordre de choses contresesennemis,accentua encore le mouvement révolutionnaire et assista, sans l'empêcher, au renversement de la monarchie, imposé et
1. Mignet. Histoire de la Révoluiion française.